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Séminaire mensuel "Sociétés, politiques et cultures du monde iranien" (2016-2017)
jeudi 29 septembre 2016
Séminaires pluridisciplinaires de Mondes iranien et indien
 
Organisateurs
Matteo DeChiara (INaLCO), Denis Hermann (CNRS), Fabrizio Speziale (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3 – CNRS), Julien Thorez (CNRS)
 
[marron] Lieu et numéro de salle : à vérifier pour chaque séance [/marron]
Université Sorbonne nouvelle - Paris 3, centre Censier, 13 rue de Santeuil, 75005 Paris
ou
INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, 75013 Paris
Horaire
1er jeudi du mois (sauf jours fériés)
17h – 19h
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Ce séminaire peut être validé dans le cadre des Master 1 et Master 2
(Études iraniennes - Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)
Le séminaire Sociétés, politiques et cultures du monde iranien est organisé par Monde iranien et indien. Il vise à présenter des recherches récentes sur l’Iran et le monde iranien (Afghanistan, Inde, Asie Centrale) dans une perspective pluri-disciplinaire (Histoire, Sciences politiques, Anthropologie, etc.). Selon les séances, un ou deux intervenants présenteront leurs travaux respectifs.
Ce séminaire se veut un lieu d’échanges et de débats intellectuels. Il est ouvert à tous les chercheurs travaillant sur le monde iranien, aux étudiants de master, aux doctorants ainsi qu’aux chercheurs sur d’autres aires culturelles.
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Programme
Jeudi 6 octobre 2016, 17h-18h30
Lieu : INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, salle 3.03 (3e étage), 75013, Paris
- Sebastian Heine, Bonn University
Pashto Influence on the other Indo-Iranian languages in Afghanistan
Persian and Pashto are the most important Iranian Language in Afghanistan, and also the two official languages of the country. While the deep impact of Persian Loans on the rest of the Iranian Group is evident, from a phonological, lexical as well as from a morphological point of view, until now lesser attention has been paid to the role of Pashto as a contact language with the remaining of the Indo-Iranian languages, i.e. languages belonging to the three subgroups of the Iranian languages, Indo-Aryan languages and Nuristani languages.
On the basis of some selected examples, Pashto influence on several dialect groups (Ormuri, Parachi, Yidgha-Munji, Pashai, Nuristani) will be explained.
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Jeudi 3 novembre 2016, 17h-18h30
Lieu : Université Sorbonne nouvelle - Paris 3, centre Censier, 13 rue de Santeuil, salle 410 (4e étage), 75005, Paris
- Soroor Coliaei Kawka, Chercheuse invitée au CERI, Paris
Les relations diplomatiques entre l’Italie et l’Iran (1950-1979)
Les relations officielles entre l’Italie et l’Iran depuis la Deuxième Guerre mondiale entrent dans le cadre plus général des relations entre l’Europe et l’Iran. L’étude des aspects politiques, économiques et culturels de ces rapports fournit des éléments importants pour comprendre la politique de modernisation lancée en Iran et les changements profonds qui ont suivi. Dans cette étude, nous nous intéressons aux raisons de la reprise des relations officielles entre l’Italie et l’Iran, aux intérêts fondamentaux qui ont accompagné ce choix et à l’impact plus général de cette collaboration au niveau international. Nous étudierons en particulier le partenariat économique entre l’Italie et l’Iran, leur coopération militaire aboutissant notamment à la formation d’une marine iranienne (coopération initiée au cours du fascisme, interrompue pendant la Seconde Guerre mondiale et relancée ensuite), la formation technique de la classe dirigeante iranienne en Italie, le rôle de médiation joué par l’Italie dans la crise de la nationalisation du pétrole iranien, son influence sur la question du nucléaire iranien, la coopération politique entre l’Iran et l’Italie concernant diverses questions du Moyen-Orient (le conflit israélo-arabe, la menace soviétique, etc.) et ses conséquences aux niveaux régional et international ainsi que les répercussions politiques des missions de l’IsMEO (Institut Italien pour le Moyen et l’Extrême Orient) concernant l’histoire de l’Iran.
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Jeudi 1 décembre 2016, 17h-19h
Lieu : Université Sorbonne nouvelle - Paris 3, centre Censier, 13 rue de Santeuil, salle 410 (4e étage), 75005, Paris
- Satoshi Ogura, University of Kyoto - University of Halle
The making of Persian Sufi-Rishi narratives : the cases of ‘Alī Hamadānī and Nūr al-Dīn Rīshī
It is commonly believed not only in academic discourse but also in today’s Muslim society in Kashmir that a Kubrawi Sufi Sayyid ‘Alī Hamadānī (1314-1385) and a Kashmiri mystic Nūr al-Dīn Rīshī (d. 1438) made a significant contribution to the making of Muslim society in Kashmir in the fourteenth and fifteenth centuries. With regard to the degree of their historical roles and impacts on Kashmiri society, two scholars of Kashmir native, Abdul Qayyum Rafiqi and Mohammad Ishaq Khan had aroused controversy. The point of issue is the reliability of the sources which record their activities in Kashmir. The contemporary Sanskrit sources keep silent on ‘Alī Hamadānī and Nūr al-Dīn Rīshī ; they are referred to in the Persian sources composed after the late sixteenth century. Some scholars, as well as Khan, claim that they were handed down in folkloric style, and the later Persian sources are reliable since they recorded the oral traditions faithfully. However, a careful analysis of their narratives reveals that they are often contradictory with other contemporary sources and less reliable than Khan evaluated. Moreover, even if the later Persian sources actually record the Sufi-Rishi folklores made in the fourteenth and fifteenth century, we need to investigate the reason why the oral traditions were transmitted to the written texts in the late sixteenth century. In this presentation, I describe a different story on the making of the Sufi-Rishi narratives in the sixteenth century Kashmir, paying attention to the political and sectarian factionalisms in that period which seem to stimulate the textual crystallization. In particular, I explore the possibility that the spread of the Nūrbakhshiyya and Mīrzā Ḥaydar (1499/1500-1551)’s ten-years-occupation of Kashmir caused the recording of the Sufi-Rishi narratives.
- Naveen Kanalu, University of California, Los Angeles
The Images of Aurangzeb ‘Ālamgīr : Epistolary Discourse and the Practices of Sovereignty in Early Modern Persian Political Culture
The nature of Mughal political sovereignty has been widely analysed in the symbolic practices and rituals elaborated by the Mughal emperors Akbar and Jahangir and the discourses of Adab or “political ethics” that were foundational to the intellectual training of princes. However, the discourses and expressions of sovereignty remain relatively little explored in the way epistolary, that is, the writing of letters played a formidable role in literary transmission of sovereignty as a structure of a hierarchical relation. In the proposed paper, I will examine the manner in which the epistles of the Mughal Sultan, Aurangzeb ‘Ālamgīr’s (r. 1658–1707), collected and known as the Ādāb-i ‘ālamgīrī represent instances and articulations of the inherited Chenghizid and Timurid customs of the Mughals, namely, yāsā. More often, the reign and the methods of governance under Aurangzeb have been understood in the historiography as one of Islamic conservatism and thereby leading to a decline in the use and practice of Timurid customs such as yāsā. Rather than privilege the nature of sovereignty as a performance of ritual, I examine epistolary discourse as a site that animates Aurangzeb’s position within the imperial household. What forms of rhetorical and allegorical devices are deployed by Aurangzeb in his obedience to his father and Sultan, Shāh Jahān, and how does he later transmit values of sovereign dispositions to his princes from his royal position ? By a critical philological approach, I hope to reassess the importance of epistolarity in practicing and conveying meanings of hierarchical sovereignty in the early modern political culture of South Asia.
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Jeudi 19 janvier 2017, 17h-19h
Lieu : Université Sorbonne nouvelle - Paris 3, centre Censier, 13 rue de Santeuil, salle 410 (4e étage), 75005, Paris
- Laetitia Fronval, EHESS, CEIAS, Paris
Le fâl-e Hâfez en Iran : penser et dépasser le clivage tradition/modernité à travers l’étude d’un rituel de bibliomancie
En Iran, il est courant d’ouvrir le recueil poétique de Hâfez de Chiraz, le Divân, afin de trouver des réponses ou de prédire l’avenir. Ce rituel de bibliomancie (divination par les livres) aurait été pratiqué dès le début du 15e siècle, quelques décennies après la mort du poète. Au cours de cette intervention, nous situerons le rituel du fâl-e Hâfez dans l’histoire de la bibliomancie iranienne. Nous nous pencherons ensuite sur les usages contemporains du fâl-e Hâfez, et analyserons, à travers le discours des acteurs, le clivage classique et récurrent qui en ressort entre tradition et modernité. Il s’agira notamment de s’interroger sur la place de la superstition dans un pays où le clergé et l’intelligentsia laïque prônent continuellement l’usage de la raison (aql). Enfin, nous tenterons d’échapper à cette polarité en envisageant le fâl-e Hâfez comme révélateur de mutations de la société et des croyances en Iran.
- Gianfranco Bria, EHESS, CETOBAC - Université de Calabre
La présence iranienne en Albanie entre stigmatisation sociale et confessionnalisation religieuse
Ce travail vise à analyser l’influence religieuse et politique des réseaux iraniens dans l’Albanie contemporaine. Immédiatement après la chute du régime communiste, le culte islamique a également été reconstruit par l’intervention de certains acteurs religieux étrangers, y compris l’Iran, qui a offert son soutien à la communauté Bektashi et à des confréries soufies à travers son réseaux paragouvernementale. Ce support, d’ordre politique et économique, a exigé une contrepartie idéologiques et confessionnelles, qui a conduit à un alidisation du culte Bektashi et soufi. Cependant, la présence iranienne est contrastée par des imam lié à l’interprétation sunnite ; alors que la communauté islamique d’Albanie (reconnue par l’Etat) désavoue le chiisme en tant que radical, fanatique et contraire aux valeurs modérées, œcuménique et libéral de l’Islam traditionnel albanais. La pluralité de ces acteurs et des discours religieux locaux, nationaux et globales ont contribué à la fragmentation et l’internationalisation du champ religieux qui semblent reproduire le conflit idéologique globalisé entre chiisme et sunnisme, mais, plus généralement, le contraste entre Islam étrangers et Islam nationaux. Ce contexte pluralisé a favorisé l’individualisation et la diversification du comportement religieux des fidèles ; de l’autre côté, il a mené la mise en place de positions confessionnelles sectaires et conflictuelles au niveau local et communautaire, particulièrement dans les réseaux soufis.
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Jeudi 2 février 2017, 17h-19h
Lieu : INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, salle 3.03 (3e étage), 75013, Paris
- Leili Anvar, INaLCO, Paris
Voir le corps, dire le corps : tabou, dévoilement et transgression en poésie persane
A partir de quelques exemples précis choisis en particulier dans les œuvres de Nezâmi (m.1209) et de ‘Attâr (m.1221), il s’agira de montrer comment la poésie persane (et à sa suite la miniature qui l’illustre et la glose) décrit le corps, le donne à voir et le sublime. Le poète tente de représenter la beauté du corps de l’Aimé(e) par tous les procédés littéraires mis à sa disposition et plus particulièrement par un travail très élaboré sur la métaphore, mais ce faisant, il se rend coupable d’un dévoilement et fait de son lecteur un voyeur qui regarde ce qu’il est interdit de voir, à savoir le corps nu ou le visage divin. Or, il se trouve que l’un et l’autre sont sacrés et par conséquent, les « traduire » en images, fussent-elles poétiques, est nécessairement de l’ordre de la transgression, et provoque un trouble qui peut aller jusqu’au ravissement ou au foudroiement. D’où la nécessité de réinvestir la représentation (picturale ou poétique) d’une valeur symbolique pour se protéger et protéger le lecteur de la lumière crue de la beauté révélée : le soleil ni la beauté ne peuvent se regarder en face. D’où aussi l’art de l’allusion et de la représentation oblique qui font de la poésie cet art éminemment paradoxal qui dévoile l’invisible tout en le recouvrant du voile des mots.
- Julie Duvigneau, INaLCO, Paris
Les déboires du corps en littérature persane contemporaine : sanguinolence, dislocation ou épanouissement
En écho à la communication de Leili Anvar, celle-ci se propose de suivre les tribulations des corps dans la littérature persane contemporaine. Il s’agira de montrer comment les transgressions de la représentation du corps chez Hedâyat permet une sorte de meurtre rituel des formes littéraires classiques, qui permet à la modernité de s’engouffrer dans la littérature persane. Nous verrons ensuite de quelle manière cette maltraitance, ce malaxage du corps s’est poursuivi chez un auteur comme Bahrâm Sâdeqi, où la dislocation, la fragmentation et la perte de soi règnent en maîtres. Enfin, nous verrons comment Chahrnouch Pârsipour permet au corps, par sa dislocation même, de se métamorphoser pour se recomposer et se fondre dans une totalité.
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Jeudi 2 mars 2017, 17h-19h
Lieu : INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, salle 5.12 (5e étage), 75013, Paris
- Yassaman Khajehi, Université de Poitiers
Le théâtre de marionnettes en Iran : un mode d’expression sociopolitique
La marionnette iranienne, depuis ses premières apparitions dans la littérature classique persane, suit un chemin qui la mène jusqu’à aujourd’hui sur la scène ou à la télévision iranienne : « un petit » objet qui dit de « grandes » choses. Elle est à la fois au cœur du divertissement et un lieu où émerge ce que l’on appelle la catharsis sociale et politique. Si, à partir du Xe siècle, elle assiste le poète pour s’exprimer et aborder des sujets complexes, elle aide aujourd’hui l’artiste à dépasser des limites imposées. Cette communication propose de tracer le parcours de cette marionnette et d’examiner sa présence populaire contemporaine dans la société iranienne.
- Michiel Leezenberg, Université d’Amsterdam
L’offensive de l’‘État islamique’ en Kurdistan irakien : Effets sur les Yézidis, les Shabaks et les Chrétiens
Selon toute vraisemblance, l’offensive du soi-disant « État Islamique » (DAECH) en Août 2014 a spécifiquement et intentionnellement eu pour but les minorités dans la région sous contrôle kurde. Ainsi, des militants de DAECH ont attaqué le mont Sinjar, où la majorité de la population était des Yézidis, et la plaine de Ninive, où il y avait une concentration de Shabak (qui sont généralement des Chi’ites hétérodoxes) et de chrétiens chaldéens.
Dans cette intervention, je propose de discuter les différents effets de cette offensive sur chacune de ces minorités. Ces effets concernent, principalement, l’identité ethnique de ces groupes, leur loyauté politique et leur identification religieuse. Actuellement, on peut observer simultanément une « démocratisation » de la violence et une homogénéisation de l’espace politique.
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Jeudi 20 avril 2017, 17h-19h
Lieu : INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, salle 5.12 (5e étage), 75013, Paris
- Juliette Cleuziou, anthropologue, Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (CNRS – Paris 10)
‘Le genre de la nostalgie’. Réflexions sur la construction nationaliste et sa réception par les femmes urbaines au Tadjikistan contemporain
Dans cette communication, je m’attacherai à présenter deux types de discours nostalgiques qu’on peut rencontrer au Tadjikistan contemporain. Le premier, celui qui émane de l’État nationaliste, insiste sur la refonte des traditions, et cherche à asseoir sa légitimité depuis sa naissance suite à l’effondrement du régime soviétique en 1991. La nostalgie étatique apparaît dans ce cas comme une technique de gouvernement. Le second type de discours nostalgique que je présenterai est celui de femmes résidant dans la capitale du pays, Douchanbé, dont la position et le statut pouvaient faire espérer une forme d’ascension sociale qui a été interrompue ou rendue inaccessible du fait de la disparition de l’URSS. Discours émotif autant que subversif, la nostalgie sert pour elles de vecteur à l’expression d’une critique autrement difficilement formulable dans un espace public très contrôlé. L’ensemble vise à montrer d’abord qu’il existe un « genre » du discours nostalgique, et ensuite à mettre en lumière des formes peu visibles de la critique politique en contexte autoritaire.
- Christilla Marteau d’Autry, anthropologue, Laboratoire d’ethnologie et de sociologie comparative (CNRS – Paris 10)
“Nos coutumes sont mauvaises, mais c’est notre culture” : Le recours à la tradition face au délitement de la société, en Ouzbékistan
En Ouzbékistan, l’accomplissement des rituels liés au cycle de vie a des répercussions importantes, tant sur le plan économique que social. Malgré les directives gouvernementales pour en réduire les coûts, les rituels sont une source de préoccupation constante pour la population locale. Cette dernière, tout en en décriant l’envergure, les justifie néanmoins par la nécessité de se plier au poids de la tradition. L’une des principales conséquences est l’intensification des migrations afin de couvrir les dépenses. Pourtant les rituels évoluent constamment. Que révèle le recours à la tradition pour justifier des pratiques jugées « mauvaises » ? Cette présentation questionne le recours à la tradition au regard du procès discursif fait aux coutumes et de la plasticité des rituels. Elle interroge ensuite le recours à la tradition dans le contexte des migrations internationales.
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Jeudi 4 mai 2017, 17h-19h
Lieu : INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, salle 5.12 (5e étage), 75013, Paris
- Alexandre Papas, chargé de recherche au CNRS, CETOBAC
Nouvelles recherches sur l’hétérodoxie soufie en Asie centrale du XVe au XXe siècle
Je présenterai un ouvrage en cours d’achèvement intitulé Ainsi parlait le derviche. Islam, langue et marginalité en Asie centrale (XVe-XXe siècle). Autour de la figure du marginal à la fois social et religieux, le livre étudie cinq cas qui se suivent dans le temps : les milieux interlopes à Hérat au XVe siècle à partir d’un portrait de la ville en turc oriental ; une communauté soufie rurale à Khotan au XVIe-XVIIe siècle décrite dans une hagiographie manuscrite ; un poète nihiliste d’Aksu au XVIIIe siècle connu grâce à un unique recueil de vers vindicatifs ; des anachorètes tardifs cachés dans des grottes à Samarcande, au Manguistaou et dans le Fergana, dont les traces subsistent sur le terrain et au détour de quelques sources persanes ; les groupes de chantres itinérants (maddahs) sur les routes d’Ouzbékistan et du Xinjiang au XIXe et au début du XXe siècle, documentés par des enquêtes ethnographiques ou philologiques russes et ouïgoures. Outre les aspects propres à la mystique musulmane, une attention particulière est portée à la question de la langue, notamment argotique, et des différents régimes linguistiques appliqués par les derviches sur le temps long. Plus largement, l’étude cherche à expliquer comment et pourquoi des formes hétérodoxes de soufisme se sont maintenues en Asie centrale bien au-delà de l’époque médiévale à laquelle elles sont souvent reléguées.
- Marc Toutant, chercheur post-doctoral, CETOBAC
Mīr ‘Alī Shīr Nawā’ī. Interprète et passeur du legs persan classique
Mīr ‘Alī Shīr Nawā’ī (Hérat, 1441-1501) est l’une des plus grandes figures du monde turco-iranien. Homme d’État et littérateur timouride, son œuvre résume le legs de la civilisation turcopersane et n’a cessé d’irriguer les belles lettres, la pensée religieuse et, plus largement, la culture comme la langue turque d’Asie centrale. Si son œuvre reste aujourd’hui encore méconnue en Occident, l’influence qu’elle a pu exercer à l’époque sur les littérateurs des autres cours (moghole, safavide, et ottomane notamment) est encore moins étudiée. Il faut cependant rappeler, par exemple, que ses
poèmes composés en persan ont été pris comme modèles par les sultans ottomans pour la composition de leurs propres divans persans. C’est cette figure de « passeur », mais aussi d’« interprète » de la tradition religieuse et littéraire persane, que cette présentation s’attachera à mettre en avant à l’occasion de l’exposé des dernières avancées de la recherche sur l’interprétation et la réception de son corpus.
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Jeudi 1er juin 2017, 17h-19h
Lieu : INaLCO, 65 rue des Grands Moulins, salle 5.12 (5e étage), 75013, Paris
- Cyril Roussel, chargé de recherche au CNRS, Migrinter (CNRS – université de Poitiers)
Une cartographie du Kurdistan d’Irak : les enjeux du contrôle territorial
Depuis le retrait des troupes irakiennes d’une partie du nord de l’Irak en 1991, les partis politiques kurdes dominent un territoire qui s’étend des frontières syriennes, turques et iraniennes jusqu’à une limite, floue, qui court d’Ouest en Est quelque part entre Feshkhabur sur le Tigre et Khanaqin aux portes de l’Iran. Cette ligne, censée représenter la « frontière » méridionale de la région autonome du Kurdistan d’Irak, n’a jamais été précisément délimitée. Pire, elle ne correspond à aucun découpage administratif provincial – comme cela avait été le cas lors de la première tentative d’autonomie en 1970 – ni à aucune limite humaine et culturelle. En conséquence de quoi, autorités kurdes d’Erbil et pouvoir central à Bagdad se disputent une bande de territoire qui, un jour peut-être, pourrait voir passer « la » frontière sud du Kurdistan d’Irak.
 
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